La RTS nous informait, le 6 janvier, que nous avions commandé à et reçu de l’Etat d’Israël pour 300 millions, des drones qui ne fonctionnent pas et qui ne seraient d’ailleurs pleinement fonctionnels que dans plusieurs années. Et alors ? Que fait-on de ce matériel défectueux et inutile ? Pas un mot des mesures à prendre, ni du coût des corrections de ce vice ? Pas un mot sur les auteurs de la commande ou de la livraison. Je n’ose imaginer ce qui aurait été dit si le matériel avait été américain ou – horreur ! – chinois ou russe !
Savait-on à l’avance que ce matériel serait défectueux ? Pourquoi n’avons-nous reçu que 4 appareils sur 6 commandés ? Qui a fait la commande ? Comment l’Etat d’Israël justifie-t-il les défauts et le retard dans la livraison ? A ma connaissance, la Suisse n’est pas un Etat en guerre, donc rien ne justifie une retenue dans l’exécution de la commande. On a envie de dire : « dommage qu’Israël reçoive des armes des Etats-Unis, car s’il ne dépendait que des siennes, il y aurait peut-être moins de morts à Gaza ».
De qui se moque-t-on, chez nous, au Département fédéral de la défense ? L’incompétence crasse des responsables explique peut-être la tendance au rapprochement de l’OTAN en violation de l’art. 185 al. 1er de la constitution : « Le Conseil fédéral prend des mesures pour préserver l’indépendance et la neutralité de la Suisse ».
Mais il faut dire que, pour être neutre, il faut avoir une colonne vertébrale, du courage et un sens de l’honneur. Or, comme le disait Alexandre Soljénitsyne en juin 1978, dans son discours à Harvard, « le déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante »[1]. Et j’ai envie d’ajouter : « les embrassades entre Hommes (Femmes !) d’Etat lors de rencontres internationales sont en général des baisers de Juda ».
[1] Alexandre Soljénitsyne, « Le déclin du courage » Paris, Les Belles Lettres/Fayard 2023.