C’est sous ce titre que M. Pierre Hazan a publié, en 2022, aux éditions «Textuel », un passionnant petit fascicule dont il a été question à l’émission « Géopolitis » de la RTS du dimanche 14 janvier dernier.
Cette émission – et le livre de M. Hazan – devraient être étudiés par nos parlementaires et nos conseillers fédéraux avant les débats concernant la future éventuelle « loi interdisant le Hamas et les organisations apparentées » et mieux encore par tous ceux qui entendent répondre à la procédure de consultation en cours.
M. Hazan ne m’en voudra certainement pas de citer trois courts extraits de son livre :
P. 15 : « …en quittant le journalisme, puis les Nations Unies, où je fus même brièvement conseiller politique de la haute-commissaire pour les Droits humains, je me retrouvais impliqué dans des processus de paix et je m’entretenais courtoisement avec des gens qu’auparavant je vilipendais de ma plume…. La recherche de la paix avait désormais pris le pas sur la recherche de la justice. J’abandonnais l’éthique de conviction et la dénonciation des criminels de guerre pour l’éthique de responsabilité. L’idée d’être forcément du côté du bien dans l’éthique de conviction ne me satisfaisait plus, car elle me semblait détachée de la nécessité d’affronter la réalité de la vie internationale faite de compromis insatisfaisants et de pragmatisme, alors que je voulais continuer d’agir conformément à ma conscience. Cela supposait de se tenir sur un chemin de crête sans verser ni dans le pragmatisme cynique ni dans un angélisme naïf qui aurait été contre-productif. Pour reprendre une expression anglaise, la paix est un messy business ».
P. 17 : « … Depuis longtemps, j’ai abandonné le confort de l’éthique de conviction, ce luxe d’être cohérent avec soi-même, pour assumer l’éthique de la responsabilité. Une éthique de la responsabilité tournée vers l’efficacité qui encourage le compromis et le pragmatisme, selon les aléas de l’action, au nom de la finalité recherchée. ».
P. 19-20 : « Dans ce livre, je n’ai pas cherché à répondre à [d]es questions insolubles, mais à cartographier les zones éthiques les plus dangereuses et les dilemmes qui s’y rattachent pour établir quelques repères. Avec l’ambition assurément démesurée de contribuer à fournir une boussole morale pour les médiateurs dans un monde violent et en pleine recomposition. »
M. Hazan décrit peut-être dans ces pages – et dans tout son ouvrage d’ailleurs – ce qui devrait être la réflexion fondamentale d’un pays neutre conscient de ses responsabilités internationales dans la recherche systématique de la paix, responsabilités qui exigent le courage et l’humilité de renoncer à l’éthique de confort qui se contente de crier avec les loups, pour passer à l’éthique de responsabilité qui exige une grande force morale.