Mais qu’est-ce qu’une guerre ? C’est un conflit armé entre Etats, selon une définition très classique et première. Si un Etat envahit le territoire d’un autre Etat, il lui déclare la guerre dans les faits, quelque prétexte qu’il puisse invoquer et l’Etat envahi a le droit de se défendre par les armes. Il entre en guerre ; sa guerre de défense est légitime. Cette légitimité lui permet-elle de « contre-envahir » le territoire de l’autre pour l’affaiblir sur son propre terrain ? Pour vaincre, il va toutefois chercher à repousser l’envahisseur non seulement jusqu’à sa frontière, mais éventuellement en empiétant sur le territoire de l’autre, afin d’inquiéter sa population et d’avoir éventuellement une monnaie d’échange. Sa guerre est-elle encore légitime s’il sort de ses frontières pour commencer à envahir l’envahisseur ? S’agit-il d’une double guerre de conquête ou seulement d’une tactique de défense ? La 2e guerre mondiale n’a pris fin qu’avec l’envahissement de l’Allemagne par les Alliés.
Dans le grave conflit russo-ukrainien, les alliés de M. Zelenski lui interdisent d’utiliser les armes qu’ils lui donnent pour porter le conflit sur sol russe par crainte – fondée – d’une escalade. La conséquence, c’est que l’Ukraine doit se limiter à une guerre défensive sur son propre territoire à moins de n’utiliser exclusivement ses propres armes qu’elle n’a pas en suffisance.
Pourquoi, mais pourquoi M. Biden a-t-il mis dans la tête de M. Zelenski « d’écraser la Russie », tout en lui interdisant de sortir de son territoire pour contre-attaquer ? Après l’échec russe devant Kiev, au début de la guerre, les conditions d’une paix honorable étaient réalisées. M. Biden et M. Zelenski – et peut-être aussi les vassaux européens des USA – ont cru que la Russie serait vite à genoux. Ils se sont mis dans la tête qu’il s’agissait d’une guerre sainte du Bien contre le Mal ; ils ont commis la grande erreur de fatuité qui consiste à sous-estimer l’intelligence et la force de l’ennemi. Et maintenant, la situation s’est nettement péjorée pour l’Ukraine. Le temps est venu de mettre tout en œuvre pour faire cesser la boucherie du front, la souffrance de la population civile, la destruction systématique de l’Ukraine, le dépeuplement du pays. Pour cela, il faut évidemment reconnaître qu’il n’y a pas de guerre juste mais que toute guerre est horrible et que la seule utilité des pays qui ne sont pas en guerre est de faire tout leur possible pour aider les belligérants à trouver une solution de paix durable en respectant les morts et les survivants de part et d’autre.