Réponse d’un pays neutre à Washington

Si j’en crois la grande presse (Le Temps du 15.10.24, p. 11) – et je n’ai pas de raison de ne pas la croire – Washington reprocherait à la Suisse de ne pas geler suffisamment d’avoirs russes.

C’est peut-être l’occasion rêvée, pour notre pays, d’être enfin clair sur sa position de neutre.

La communication avait été très mauvaise au moment de la prise des sanctions en 2022, le Conseil fédéral n’ayant pas clairement précisé qu’en tant que pays neutre, la Suisse cherchait les mesures adéquates pour ne pas risquer de tirer avantage des sanctions prises contre la Russie – donc contre la population civile – par les pays de l’Union européenne sur ordre de Washington.

Vu le ratage de la communication, les pays occidentaux – dont Washington – avaient crié « Victoire », croyant à la fin de la neutralité. Washington s’arroge alors le droit de surveiller la manière dont la Suisse applique les sanctions et de nous tancer.

C’est donc maintenant l’occasion rêvée pour le Conseil fédéral de répondre qu’en tant que pays neutre, la Suisse applique les sanctions en fonction de son appréciation propre par rapport à toutes les Parties concernées par le conflit  et en outre qu’en sa qualité de pays des droits de l’Homme, elle respecte le droit de propriété et n’exproprie pas un propriétaire sans une procédure judiciaire préalable en bonne et due forme.

A bon entendeur, salut !

Et si on écoutait nos diplomates à la retraite

L’année 2024 voit la publication de deux livres dus à la plume de diplomates suisses à la retraite. L’un, en français, chez Slatkine, intitulé « Une vie au service de mon pays » de M. Georges Martin, l’autre, aux éditions des Syrtes, traduit de l’allemand (l’édition originale a paru en 2023), de M. Paul Widmer et intitulé «L’identité suisse au défi ».

Ces deux ouvrages méritent d’être lus car les auteurs savent de quoi ils parlent. Ils ont été sur le terrain, ils ont mesuré l’importance de la connaissance de l’histoire, ils ont servi leur pays avec intelligence et dévouement et osent être à la fois critiques mais profondément patriotes et loyaux.

Le premier ouvrage, également autobiographique, de 382 pages,  a été largement présenté à l’occasion de l’émission des Beaux Parleurs de la RTS, du 19 février 2024, où l’auteur était l’invité. Je l’avais « dévoré » pour l’émission.

Je vais m’arrêter sur le second, moins épais (152 pages), tout aussi passionnant.

 

« L’identité suisse au défi » est sorti le 4 octobre. On n’en a pas encore beaucoup parlé et notamment peut-être parce qu’il est traduit de l’allemand et dû à un auteur suisse-allemand. Il existe toujours hélas ! ici, un préjugé négatif à l’égard du patriotisme d’Outre-Sarine.

L’ouvrage n’est pas autobiographique, c’est une réflexion  fondée sur l’histoire, car ainsi que l’écrit l’auteur (p. 14), « Mon approche fondée sur l’histoire repose sur la conviction que celle-ci est riche d’enseignements, moins, à vrai dire, sur la manière de procéder que sur les écueils à éviter : une situation présente n’est en effet jamais identique à une situation historique. Si l’avenir peut se décliner en de multiples variantes, le passé, lui, est clos. On peut donc y étudier la relation de cause à effet. On peut y expliquer succès et échecs. L’expérience de l’histoire ne fournit pas de recette miracle pour l’avenir, mais elle nous aide à éviter les erreurs du passé. L’histoire ne se répète pas ; elle bégaie cependant. »

C’est donc toujours sous l’éclairage de l’histoire que l’auteur va, comme il l’écrit (p. 14 encore), « propose[r]…quelques réflexions sur la Suisse en tant que modèle, en tant que nom,  en tant que concept, nation, Etat – réflexions que viendront compléter quelques observations sur la neutralité. Cela peut sembler abstrait, mais c’est loin d’être le cas. Pour moi, il s’agit moins de définitions que d’exemples concrets tirés de l’histoire et du présent. Je remonte parfois à un  passé plus lointain pour éclairer le présent ».

 

Dans ce monde actuel déchiré par les guerres où les responsables politiques semblent parfois oublier qu’il y a eu un passé avant eux, la lecture de ces deux ouvrages remet magnifiquement en place les pièces du puzzle du présent.

 

 

 

 

Confusion

Citant « une source militaire française », le journal Le Temps du vendredi 4 octobre (p.7) met en rouge bien visible le texte suivant :« L’objectif des Russes n’est pas de conquérir du territoire mais de détruire l’ennemi. C’est l’anéantissement par fragmentation ».

Cette citation accompagne la chute de la ville minière de Vouhledar dans la région de Donetsk où il restait apparemment 107 civils – il n’est écrit nulle part que les 14.893 autres habitants ont été tués  (évidemment que ce serait atroce), l’article précise juste que la ville comptait « 15’000 habitants avant la guerre, massivement bombardée depuis le début de celle-ci ». Tout laisse à penser que la majorité des habitants a fui. C’est évidemment terrible et n’excuse nullement l’attaque de l’Ukraine par la Russie, mais on ne peut conclure de cela une volonté de « détruire  l’ennemi ». C’est plutôt révélateur d’une volonté de conquérir un territoire (éventuellement pour avoir le plus de « monnaie d’échange » au moment des possibles tractations en vue de la paix). M. Zelensky a procédé de la même manière en occupant une parcelle de territoire russe, ce qui est au demeurant parfaitement dans une logique de guerre « classique ».

 

Confondre M. Poutine avec M. Netanyahou ?

A vrai dire, on peut se demander si la « source militaire française » citée n’a pas confondu M. Poutine avec M. Netanyahou. Parce que ce dernier est bien en train d’essayer de « détruire l’ennemi », où qu’il se trouve. M. Netanyahou ne revendique pas le territoire du Liban, ni celui de l’Iran, il veut simplement détruire l’ennemi où qu’il se trouve, au risque de tuer des milliers de civils de mettre le feu à toute une région et en outre de sacrifier les derniers otages encore vivants. Pour sauver sa tête autant que venger l’horreur du 7 octobre et laver dans le sang la défaillance de ses services de sécurité, il doit détruire physiquement l’ennemi. Il n’y parviendra pas parce que cet ennemi vit d’une idéologie et qu’on ne tue pas une idéologie : on fortifie seulement la vengeance et la haine au prix de millions de morts et de blessés et on anéantit des lieux de vie.

 

Retourner la réalité pour cacher la vérité

La phrase citée dans le Temps n’est-elle pas en fait l’expression du but poursuivi par les pays de l’Union européenne et par les USA dans leur soutien à M.  Zelensky ? L’intérêt de ces Etats – qui, à travers l’OTAN, soutiennent un Etat non-membre de l’OTAN – n’est pas d’annexer l’Ukraine, mais, ainsi que M. Biden l’a déclaré dès le début    « d’anéantir la Russie ». « Détruire l’ennemi ». Les  USA et les pays des l’UE ont transformé une guerre – illégale, certes, mais « classique » – en une guerre de religion (le Bien contre le Mal). Et maintenant une « source militaire française » voudrait faire croire que c’est la Russie qui a changé la nature de sa guerre de conquête territoriale en une guerre de destruction massive de l’ennemi. Est-ce ignorance ou mauvaise foi pour compromettre tout effort de  paix et sauver la face?

 

Quelques questions encore sans réponses

Quelques questions encore sans réponses

  • Si Israël était la Russie, comment qualifierait-on son entrée au Liban ?
  • Et comment qualifierait-on ce que M. Netanyahou qualifie, lui, d’acte préventif ?
  • Qu’écrirait-on alors au sujet de la destruction de la Palestine, des frappes des civils palestiniens et du coup d’éclat des bipeurs ?
  • S’il n’y avait pas de rapport du GIEC, chercherait-on éventuellement l’influence que pourraient avoir les tonnes de bombes, d’obus etc.., utilisées ces trois dernières années en Ukraine et cette dernière année au Moyen-Orient sur la météo ? Voire sur la pollution de l’air ?
  • Si les pays du Golfe n’étaient pas des pays pétroliers, chercherait-on l’influence que peuvent avoir sur le climat ou la météo leurs tentatives de forcer les nuages à déverser de la pluie ?
  • Si Mme von der Leyen n’avait pas été réélue à la tête de la Commission européenne, aurait-elle perdu toute immunité et serait-elle maintenant en plein procès pour utilisation abusive de l’argent de L’UE et autres malversations ?
  • Quelles mesures la Confédération et les cantons ont-ils prises pour que toutes les personnes vaccinées contre le covid (avec ARN messager) soient d’une part informées des risques liés à la nature encore très peu connue du produit et d’autre part scrupuleusement suivies afin de détecter toute suite suspecte ?
  • Quand est-ce que le Parlement tirera au clair la base légale et le cahier des charges précis de la Task Force ? Le rapport dont il s’est contenté est d’une indigence effrayante.
  • A-t-on prévu de faire une évaluation des dégâts causés auprès des jeunes par les mesures de confinement, de privation de contacts humains, de sanction pour non-vaccination etc… prises pendant la pandémie ?
  • Quelles mesures sont envisagées pour qu’une nouvelle pandémie éventuelle ne soit pas aggravée humainement à cause de la nécessité « d’éviter la surcharge des hôpitaux ? ».
  • Quelle est la valeur totale des vaccins qui ont dû être jetés ?
  • Y a-t-il une évaluation globale de toutes les dépenses liées exclusivement aux mesures de toutes catégories qui ont été prises pendant la pandémie sur le plan fédéral (la même question devrait  être posée dans chaque canton) ?