L’année 2024 voit la publication de deux livres dus à la plume de diplomates suisses à la retraite. L’un, en français, chez Slatkine, intitulé « Une vie au service de mon pays » de M. Georges Martin, l’autre, aux éditions des Syrtes, traduit de l’allemand (l’édition originale a paru en 2023), de M. Paul Widmer et intitulé «L’identité suisse au défi ».
Ces deux ouvrages méritent d’être lus car les auteurs savent de quoi ils parlent. Ils ont été sur le terrain, ils ont mesuré l’importance de la connaissance de l’histoire, ils ont servi leur pays avec intelligence et dévouement et osent être à la fois critiques mais profondément patriotes et loyaux.
Le premier ouvrage, également autobiographique, de 382 pages, a été largement présenté à l’occasion de l’émission des Beaux Parleurs de la RTS, du 19 février 2024, où l’auteur était l’invité. Je l’avais « dévoré » pour l’émission.
Je vais m’arrêter sur le second, moins épais (152 pages), tout aussi passionnant.
« L’identité suisse au défi » est sorti le 4 octobre. On n’en a pas encore beaucoup parlé et notamment peut-être parce qu’il est traduit de l’allemand et dû à un auteur suisse-allemand. Il existe toujours hélas ! ici, un préjugé négatif à l’égard du patriotisme d’Outre-Sarine.
L’ouvrage n’est pas autobiographique, c’est une réflexion fondée sur l’histoire, car ainsi que l’écrit l’auteur (p. 14), « Mon approche fondée sur l’histoire repose sur la conviction que celle-ci est riche d’enseignements, moins, à vrai dire, sur la manière de procéder que sur les écueils à éviter : une situation présente n’est en effet jamais identique à une situation historique. Si l’avenir peut se décliner en de multiples variantes, le passé, lui, est clos. On peut donc y étudier la relation de cause à effet. On peut y expliquer succès et échecs. L’expérience de l’histoire ne fournit pas de recette miracle pour l’avenir, mais elle nous aide à éviter les erreurs du passé. L’histoire ne se répète pas ; elle bégaie cependant. »
C’est donc toujours sous l’éclairage de l’histoire que l’auteur va, comme il l’écrit (p. 14 encore), « propose[r]…quelques réflexions sur la Suisse en tant que modèle, en tant que nom, en tant que concept, nation, Etat – réflexions que viendront compléter quelques observations sur la neutralité. Cela peut sembler abstrait, mais c’est loin d’être le cas. Pour moi, il s’agit moins de définitions que d’exemples concrets tirés de l’histoire et du présent. Je remonte parfois à un passé plus lointain pour éclairer le présent ».
Dans ce monde actuel déchiré par les guerres où les responsables politiques semblent parfois oublier qu’il y a eu un passé avant eux, la lecture de ces deux ouvrages remet magnifiquement en place les pièces du puzzle du présent.