L’église de l’inclusion, oui! Mais de l’inclusion de quoi?

L’Eglise évangélique du Canton de Vaud (EERV)a fait parler d’elle dernièrement pour avoir organisé une « soirée de réflexion à Lausanne » (titre dans 24H du 14 mars, p. 5), in casu « une soirée thématique sur l’éthique du BDSM » (même source).
Pour ceux d’entre vous qui, comme moi, ont besoin d’un petit rafraîchissement de la mémoire parce que leur catéchisme est ancien, BDSM signifie « bondage, discipline, domination, soumission et sadomasochisme). Cela vous rappelle-t-il la préparation de votre Confirmation ? Bon ! Le monde change !…..
On apprend en lisant l’article de 24 H que l’invitation à la soirée émane de la « Plateforme des « inclusivités LGBRIQ+ », groupe de parole et de partage en actions au sein de l’EERV. Je précise qu’il s’agit d’une nouveauté qui date de la campagne de votation en relation avec « le mariage pour tous ». L’un des conseillers synodaux (membre de l’exécutif de l’EERV) nous apprend, toujours grâce à 24H, qu’il a reçu mandat du Conseil synodal (dont il est membre) pour que se mette en place un « espace de réflexion sur les questions d’inclusivité et de conjugalité ».

Ne pas confondre l’inclusion des personnes avec l’inclusion des moeurs
La notion d’Eglise de l’inclusion a été développée soudainement à l’occasion précisément de la campagne de vote concernant le mariage pour tous. De manière surprenante, l’Eglise a découvert alors qu’elle devait être « inclusive ». Je croyais bêtement depuis longtemps que, conformément à ses principes constitutifs, l‘EERV ne faisait pas « acception de personnes », c’est-à-dire, était « inclusive », mais je commettais une grosse erreur. Il ne s’agit pas de pratiquer l’inclusion des personnes, mais l’inclusion des mœurs. C’est cela la nouveauté.

Inclusion des personnes ou inclusion des mœurs ?
Depuis que l’EERV s’est proclamée Eglise de l’inclusion, le malentendu s’est installé. Quel est exactement le mandat reçu par le conseiller synodal chargé de mettre en place un espace de réflexion sur les « questions d’inclusivité et de conjugalité » ? Lors de la très prochaine session du Synode de l’EERV, il est impératif que les membres s’enquièrent de la portée précise du mandat et surtout de la différence que l’EERV fait – ou ne fait pas – entre l’inclusion des personnes et l’inclusion des mœurs.
Le malaise est si grand, parmi les fidèles, à cause de cette confusion, qu’il est temps de mettre les choses au clair avant que les Eglises ne soient plus que des lupanars.

Les « valeurs occidentales » mais… quelles « valeurs »?

La présomption de culpabilité qui justifie non seulement le gel des avoirs de personnages russes présumés soutenir un régime politique – certes détestable – celui de M. Poutine, puis non seulement le gel mais peut-être la confiscation et l’affectation des intérêts de ces biens à la réparation des dommages de la guerre en Ukraine est-ce une « valeur occidentale » ? Certes, l’Ukraine a été attaquée par la Russie, mais elle ne l’a pas été directement par MM. et Mme tel et tel. Le gel des biens, puis éventuellement la confiscation des revenus et l’affectation de ces derniers à un pays, fût-il attaqué par le Gouvernement du pays dont les propriétaires des fonds gelés sont originaires, sont-ils des sanctions pénales ou civiles ? Dans le cadre de quel procès ? Ce ne sont que des sanctions politiques, arbitraires. L’arbitraire est-il une « valeur occidentale »?

Et pendant ce temps, Mme von der Leyen peut cacher aux Etats de l’UE les montants engagés sans mandat ni pouvoir envers Pfizer pour les milliards de vaccins commandés et personne ne considère qu’il s’agit d’une dilapidation éventuellement d’un détournement de biens publics. Est-ce une « valeur occidentale » ?
Et pendant ce temps toujours, M. Assange est peut-être menacé d’extradition de la part du Royaume-Uni et d’une peine de 175 ans d’emprisonnement aux USA, pour avoir dénoncé et prouvé des crimes contre l’humanité commis par des soldats de l’armée américaine, mais personne ne souhaite parler de ces crimes alors que l’on énumère ceux prétendument – c’est hélas ! possible, mais non encore prouvé – par des soldats de l’armée russe. Deux poids, deux mesures : est-ce une « valeur occidentale » ?
Et pendant ce temps l’Ukraine, autant que la Russie, est connue comme un Etat où fleurit la corruption, mais elle est dans le camp « du bien ». Est-ce une « valeur occidentale » que de distinguer la corruption des « justes » de celle des « méchants ?

Non ! Ne parlez pas des « valeurs occidentales », mais considérez simplement que toute guerre est une catastrophe et que seuls ont encore des valeurs ceux qui mettent toute leur intelligence, leur énergie et leur honnêteté dans la recherche d’une solution de paix au risque de se faire accuser par les va-t’en guerre de « négocier avec le diable » et de n’encourir que le mépris des « purs ».

Y aura-t-il des limites à la vengeance?

Oui, l’attaque du Hamas le 7 octobre a été atroce, mais combien de temps et au prix de combien de morts, de combien de souffrances imposées à des civils, à des enfants en particulier, a-t-on le droit de « se venger » ? Parce qu’il faut quand même appeler les choses par leur nom, les souffrances imposées aux Gazaouis ne sont plus de la légitime défense, c’est de la vengeance, vengeance par dépit de n’avoir pas su prévenir l’horreur du 7 octobre, vengeance personnelle peut-être de M. Netanyahou, qui se protège derrière la cruauté du Hamas et néglige d’ailleurs les otages de son propre pays encore aux mains du Hamas (ou les saurait-il déjà tous morts dans la bande de Gaza ?).
Quels pays arriveront à rappeler M. Netanyahou et les chefs du Hamas à la raison ? Quand est-ce que les USA, M. Biden en tête, cesseront leur double jeu ? Que fait notre pays, gardien des Conventions protégeant les populations civiles? De qui avons-nous peur ? De l’Etat d’Israël ? Des pays arabes ? Les Pays européens n’ont pas le droit de se taire. Ce n’est plus une question politique. C’est devenu un problème strictement humanitaire devant lequel tout silence est un acte de complicité.

L’art difficile de se taire en public

Plusieurs anciens conseillers fédéraux avaient jugé nécessaire de s’exprimer publiquement au sujet de l’initiative populaire relative à la 13e rente AVS. Pour quelle raison ?
Ils ont certes, chacun, le droit d’avoir une opinion et ils sont, chacun, un citoyen à 100 %, mais était-ce élégant, voire correct, de prendre une position publique, celle-ci fût-elle analogue à celle de leurs collègues en fonction ? Quand on ne peut pas échapper à son titre officiel (ici, d’ancien membre du Collège fédéral) on ne peut pas prendre une position publique où précisément ce titre joue un rôle.
Et si, à une autre occasion, ces mêmes anciens conseillers fédéraux sont en désaccord avec la position du Collège exécutif en fonction, leur simple refus ou silence donnera lieu à des exégèses variées, à des interprétations fantaisistes ou à des spéculations trompeuses ou erronées.
Une fois de plus, la discrétion – si peu conciliable avec la notoriété – aurait été une qualité : « servir et disparaître ».

Cette attitude de quelques « anciens » met en évidence une grosse faute politique que je ne cesserai jamais de dénoncer : le fait que le Conseil fédéral continue à vouloir engager l’un ou l’autre de ses membres dans la campagne précédant une votation fédérale, oubliant que ce n’est que la décision du Parlement, éventuellement celle du peuple, qui est sujette au vote, jamais directement celle du Conseil fédéral. Lui, le Conseil fédéral, il devra tirer les conséquences de la décision populaire finale et, éventuellement, la mettre en pratique. Point final.
Il n’est jamais favorable à la confiance en l’Exécutif que le peuple se sache en désaccord flagrant avec cet Exécutif, à cause du résultat du vote. Le désaccord avec le Parlement n’est pas grave, car le Parlement n’exerce pas le pouvoir, il assure (plus ou moins bien) la représentation populaire. Quand la majorité du Parlement est désavouée, après un vote, c’est l’Exécutif qui en subit les conséquences. C’est la règle du jeu dans une démocratie comme la nôtre. C’est bien là l’exceptionnelle difficulté de notre système constitutionnel, qui échappe totalement aux Etats européens et à la vanité de certains membres ou anciens membres d’exécutifs et qui déplaît à la Presse, avide toujours de personnes de pouvoir à encenser ou assassiner.

Cette fois, ce sont les auteurs de l’initiative pour une 13e rente AVS qui ont gagné. Les opposants, comité d’opposition, majorité parlementaire, ont perdu. Le Conseil fédéral, lui, devra proposer au Parlement la manière de mettre en œuvre le texte voté et d’assurer le financement de l’AVS tout en tenant compte de l’état des finances publiques. Et si la solution proposée par le Conseil fédéral n’agrée pas au Parlement et que celui-ci en vote une différente, ou même si la solution du Conseil fédéral est acceptée par le Parlement, le peuple pourra toujours lancer un referendum et le Conseil fédéral puis le Parlement devront, éventuellement, remettre l’ouvrage sur le métier. Pourquoi le Conseil fédéral perdrait-il du temps à défendre les décisions du Parlement – éventuellement contre la volonté populaire – pendant la Campagne référendaire ?