On le sait de très longue date, les sanctions économiques contre un Etat sont rarement efficaces. L’ancien président américain, M. Obama, l’a d’ailleurs fort bien dit dans son livre « Une terre promise ». Le Temps vient de publier la reconnaissance « officielle » de cette vérité, en ce qui concerne les sanctions prises par les pays occidentaux contre la Russie.
Les sanctions ont pour but de nuire avant tout à la population civile afin qu’elle renverse le pouvoir
Ce double but est à la fois non éthique (les sanctions doivent atteindre la population civile qui souvent n’y peut mais, et nuisent en particulier aux plus pauvres ; en outre, provoquer une éventuelle guerre civile dans un Etat n’est certainement pas une démarche éthique, c’est mettre beaucoup de vies en danger) et inutile (dans un régime totalitaire, les soulèvements politiques sont très dangereux pour les personnes courageuses qui osent réagir et le renversement d’un dictateur n’est pas la garantie de son remplacement par un régime libéral !).
Les sanctions financières contre la Russie frappent aussi des oligarques, donc des personnes privées, riches, présumées coupables sans appel au point que certains Etats sont prêts à s’approprier ces biens privés pour les affecter selon leur « bon cœur » donnant ainsi un exemple catastrophique d’abus de droit « au nom du Bien » dont ils se croient les représentants exclusifs.
Les sanctions nuisent souvent au moins autant à ceux qui les prennent qu’à ceux qui les subissent
C’est exactement ce qu’il se passe actuellement. Les Etats européens souffrent considérablement des conséquences des sanctions prises. Les Etats-Unis, eux, se frottent les mains car ils se substituent aux fournisseurs d’énergie ou de matières premières sanctionnés et menacent (sanctionnent?) les banques et Etats européens qui, selon eux, ne vont pas assez loin dans la punition des oligarques (toujours « l’axe du Bien contre l’axe du Mal !!!).
Notre Pays a presque bradé sa neutralité à cause des sanctions qu’il a « reprises servilement » au lieu de se contenter de « prendre, vu sa neutralité, des mesures permettant d’éviter de profiter des conséquences des sanctions décidées par d’autres ». C’est la grande difficulté de la neutralité face aux sanctions économiques décidées par d’autres Etats non neutres. Il est plus difficile d’être neutre économiquement que militairement. C’est là qu’intervient l’art de la communication où nous échouons en général par peur du qu’en dira-t-on.
Les sanctions nous nuisent comme aux autres Etats européens. Puissions-nous au moins résister farouchement à la « tentation » de « faire le bien » en spoliant, sans aucun respect du droit, de légitimes propriétaires (même russes !) de leurs biens ou des revenus de ceux-ci. Et si l’oncle Sam ou les Etats de l’UE froncent les sourcils, haussent la voix et nous montrent du doigt, répondons-leur que nous défendons les « valeurs occidentales » auxquelles ils sont si attachés. Ce serait peut-être un pas vers la paix moins inutile que la rencontre du Bürgenstock !