La grande farce ?

Si la guerre d’Ukraine n’était pas aussi terrible du fait du nombre de morts, on serait tenté de dire que, depuis 24 heures, c’est devenu une énorme farce : qui pourrait imaginer sérieusement que M. Poutine, considéré dans tous les Etats européens, dont la Suisse, comme « persona non grata » à cause du mandat d’arrêt lancé contre lui par le Tribunal  Pénal International (TPI), viendrait à Genève, au bénéfice d’une immunité spéciale accordée par le Conseil fédéral, discuter de paix avec M. Zelensky, applaudi, lui, par tous comme un héros?  M. Macron le savait naturellement – c’est une pure question de bon sens ! – et sa proposition irréaliste d’une rencontre à Genève avait peut-être pour but de proposer un susucre à la Suisse en vue des accords européens à venir. On sait que, pour l’Union européenne, un rejet de ces accords en votation populaire serait ressenti comme une humiliation. La démocratie directe est un défaut insupportable !…

Et la Suisse de roucouler, aux Nouvelles de ce soir, en répétant la proposition de M. Macron.

 

Sans surprise aucune, M. Poutine n’entend pas se rendre à Genève, mais veut rencontrer M. Zelensky à Moscou. S’il devait choisir un lieu plus « neutre » que la Russie, M. Poutine se tournerait sans doute vers un Etat ne reconnaissant pas la juridiction du TPI. A ce point de vue-là, l’Alaska était parfait, mais ne conviendrait pas pour une rencontre sans les Européens ni M. Trump. Tant qu’à faire, autant recevoir « l’ennemi » chez soi. Mais sera-t-il d’accord ?

 

Toujours aux Nouvelles de ce soir 19 août, il est rappelé combien la paix entre la Russie et l’Ukraine devrait garantir la sécurité de l’Ukraine. Si l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN il est évident qu’elle ne pourra pas se prévaloir de l’article 5 de la Charte pour demander l’aide européenne, et que les Etats européens ne pourront pas non plus invoquer ledit article pour aider l’Ukraine. Contrairement à ce qui a été affirmé lors des 75 ans de l’OTAN (voir l’article du 4 avril 2024 intitulé : « Le mensonge de l’OTAN ou de la RTS »), « une attaque armée survenant en Europe » n’est pas considérée comme « une attaque contre toutes les Parties » ; seule une « attaque armée contre l’une des Parties » est considérée comme une attaque contre toutes les Parties. Pour assurer une protection de l’Ukraine – qui ne serait pas membre de l’OTAN – en cas de nouvelle attaque par la Russie, il faudrait un traité autre que celui de l’OTAN. M. Trump serait-il en train de préparer de cette manière le désengagement des Etats-Unis par rapport à la défense des pays de l’UE et de tendre ainsi la perche à M. Macron pour une future défense européenne ?

Dans le jeu de dupes de ces pourparlers de paix dont on espère – quoi qu’il en coûte ? – qu’ils mettront réellement fin à ce massacre humain soutenu par l’OTAN et encouragé par les membres de l’UE, il est fondamental de rester froidement lucide pour éviter de se faire rouler dans la farine par les égos de quelques chefs d’Etat.

 

 

 

18 thoughts to “La grande farce ?”

  1. Chère Suzette, quelle joie de lire cet article!!! Tu as raison!!! Cette guerre est soutenue par l’OTAN et encouragée par les membres de l’UE! Ces va-t-en-guerre doivent être jugés.

    1. L’OTAN est une alliance défensive contre la Russie, cela va de soi, car la Russie de Poutine n’a de cesse de vouloir restaurer l’empire de feu l’URSS.
      De qui ont peur les voisins de cette Russie agressive, de la Finlande à la Roumanie en passant par les Baltes, les Polonais ou les Tchèques ?
      Donc l’Ukraine attaquée est soutenue, à juste raison, par notre Occident libre et démocratique, y compris et surtout par les pays de l’Est européen qui ont tant souffert de leur grand voisin russe.

      1. Combien de fois faudra-t- il le répéter ? : si les accords de Minsk avaient été respectés nous n en serions pas là ; si l ‘ OTAN ne s etait pas déployée tout au long de la frontière russe, la Russie n aurait pas installe des positions de défense que les USA et l ‘ UE prétendent être des positions d ‘ attaque..
        L’Europe n aurait jamais dû tourner le dos à la Russie, la mépriser lors de la chute du mur..
        Fallait travailler avec elle..comme de Gaulle avait commencé de le faire..quand la Russie était encore l ‘ URSS..

        1. Avant les controversés accords de Minsk, il y a eu la signature, le 5 décembre 1994, des trois mémorandums de Budapest, signés respectivement par la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine ainsi que par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Fédération de Russie, qui accordent des garanties d’intégrité territoriale et de sécurité à chacune de ces trois anciennes républiques socialistes soviétiques (RSS) en échange de leur ratification du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). En 2009, les États-Unis et la Russie confirment la validité de ces trois mémorandums.
          Dès la crise de Crimée de 2014, les mémorandums sont violés par la Russie, et l’Ukraine se réfère à ces mémorandums pour rappeler à la Russie qu’elle s’est engagée à respecter les frontières ukrainiennes, et aux autres signataires qu’ils en sont garants.

          1. Il y a aussi eu le traité d’amitié de 1997.
            Cf. ttps://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_d%27amiti%C3%A9_russo-ukrainien
            L’Ukraine n’a pas respecté ce traité (protection des populations respectives, des langues et minorités – engagement à ne pas utiliser son territoire pour une alliance hostile à l’autre pays).
            L’Ukraine a mis d’elle-même fin à ce traité en 2019.
            Pour rappel 2019, c’est 3 ans avant 2022.
            D’autre part, en 2014, il y a eu une révolution en Ukraine.
            C’est une histoire compliquée et tragique, et comme vous ne regardez qu’une partie de l’équation, vous posez un regard qui permettra difficilement de résoudre ce conflit.
            Chacun devra faire des concessions douloureuses.
            Si le gouvernement ukrainien souhaite ne faire aucune concession, le pays va finir par éclater politiquement, car sa population est lassée par la guerre.
            Si le gouvernement russe ne fait aucune concession, la succession à Poutine va se terminer dans la violence.
            L’OTAN s’en moque, elle souhaite prolonger ce conflit, pour relancer l’armement et se positionner comme le leader militaire incontesté de la région.

    2. Et si Lôzan s’occupait de ses semeurs de troubles ?

      Il y a l’Ukraine, mais l’Europe se confronte plutôt avec sa 5ième colonne, la France est passée de 120 à 170 agressions au couteau par jour.

  2. Madame la professeure,

    S’il est vrai que nulle immunité extrait quiconque du droit pénal matériel commun (art. 27 du statut de la CPI), toute autre est la question procédurale de l’arrestation et de la remise de celui qui bénéficie d’une immunité procédurale à raison droit coutumier (98 ch. 1 du Statut de la CPI) ou à raison d’un traité liant la partie requise (98 ch. 2 du Statut de la CPI).

    Je ne reviendrai pas sur le controversé article 98 ch. 1, mais relèverai que si l’ONU organisait une conference, les invités accrédités bénéficieraient de l’immunité prévue à l’article 11 de la convention sur les privilèges et immunités DES NATIONS UNIES APPROUVÉE PAR L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES LE 13 FÉVRIER 1946 et ratifiée par tous les états membres de l’ONU (ou presque ?), laquelle immunité ferait, aux termes de l’article 98 ch. 2 du statut de la CPI obstacle à toute arrestation.

    Statut de rome
    ttps://www.icc-cpi.int/sites/default/files/Statut-de-Rome.pdf
    Convention ONU
    ttps://www.icj-cij.org/fr/autres-textes/convention-sur-les-privileges

    1. Vous avez raison mais le problème n’est pas là. Le fait d’être un « paria en sursis » est évidemment une situation extrêmement désagréable pour « l’invité ». Le problème « politico-psychologique » est considérable.

  3. Merci Madame Sandoz pour vos propos toujours pleins de bon sens..
    Je relève  » Macron et son susurre pour la Suisse » C est tout à fait ça ! Bien vu ! Pour ma part je disais à mes amis français qu ‘il nous passait de la pommade… car en vérité , s ‘ il pouvait nous jouer un coup tordu il n’ hésiterait pas..

  4. Excellent article chère Madame et on pourrait attendre des médias traditionnels tant en Suisse qu’en France, qu’ils fassent preuve d’un peu moins de naïveté. Quant aux populations, qu’elles soient françaises, allemandes ou encore italiennes, elles n’ont aucune envie d’entraîner leur pays dans un conflit généralisé en Europe. Il semblerait que Vienne propose ses bons offices pour organiser une rencontre entre Messieurs Poutine et Zelensky. Il est vrai que Monsieur Poutine ne fait pas l’objet d’un mandat International contre lui en Autriche. Monsieur John le Carré, dans ses romans dépeignait une réalité moins machiavélique que celle d’aujourd’hui.

  5. Pour l’instant c’est tout-de-même Trump, pourtant tellement critiqué, qui essaie de trouver une solution permettant d’obtenir la Paix en Ukraine.

  6. Une nouvelle fois, Madame Sandoz, vous avez choisi les bons mots pour évoquer la grande farce-de mon côté j’ai enlevé ici le point d’interrogation-imaginée par notre docteur ès diplomatie helvétique qui affirme le 19 août que
    « La Suisse est plus que prête à accueillir un sommet entre la Russie et l’Ukraine ». Il croit même « à 200 % à l’organisation de ce sommet » !
    A propos de sommet, il a un peu vite oublié que nos autorités fédérales avaient omis d’inviter M.Poutine à la conférence au sommet du Bürgenstock qui fut un fiasco ma foi fort coûteux.
    Quant aux roucoulements de nos médias qui se félicitent de la proposition de M.Macron, ils me font penser à des votations à venir où il sera question d’une éventuelle diminution de redevance radio-tv. En ce qui me concerne, je pense que certains médias non subventionnés ou financés par des millionnaires sont en train de détourner bon nombre de fidèleZ auditeurs d’une RTSinfo qui si l’on en croit les services du Parlement: » soulignent l’importance d’une offre journalistique diversifiée, indépendante et de haute qualité ». Je me permets, hélas, d’avoir quelques doutes sur l’objectivité de cette appréciation.
    Enfin, bravo Madame Sandoz d’avoir débusqué le « susucre à la Suisse » proposé par M.Macron pour influencer d’autres votations à venir. Cet homme est dangereux et d’autres médias que les nôtres, en France , sont très lucides sur la dérive totalitaire de la Commission européenne.

  7. Merci pour votre article.

    Parfois, les comédiens choisis pour le spectacle ne maîtrisent pas leur texte mais le public emporté par la propagande des médias continue à applaudir par bêtise.

    Car, en donnant l’impression de soutenir la Suisse avec un « sussucre », M. Macron ne fait que nous enfoncer dans notre dégringolade internationale. Car il sait parfaitement que la probabilité que Genève (ONU, OMS, etc – tout ce que Trump adore) organise cette rencontre est proche de zéro. Ainsi, le monde entier pourra réaliser que la Suisse n’a plus aucune crédibilité et mérite son 39 %. Se taire nous aurait donc rendu service.

    Cette « farce » est donc en fait un méchant tacle. Le message est le suivant: « La Suisse s’est fait avoir par l’UE. Elle a déjà renoncé à ce qui faisait sa spécificité et notamment sa neutralité. Elle est déjà européenne et n’a plus le choix ».

    En effet, cette crise ukrainienne a obligé la Suisse à renoncer à ce qui faisait sa force. Sa neutralité et la confiance qui en découlait au niveau international ont été détruits. Nos clients ont compris et savent désormais que placer en Suisse est tout aussi risqué mais plus cher. De meilleures alternatives existent désormais un peu partout.

    Mais le vrai problème, ce n’est pas Macron mais la réaction de nos politiciens, nos médias et la population: on remercie ceux qui vous ont mis dans le pétrin.

    Un autre aspect plus grave est préoccupant: si le racisme et la discrimination n’ont pas de place dans notre pays, on constate parfois une certaine tolérance (par exemple des modérateurs sur les réseaux ou les médias) quand il s’agit de la nationalité russe voire même chinoise.

    Le même phénomène est aussi applicable pour la nationalité américaine en fonction de l’appartenance politique. Ainsi, insulter publiquement quelqu’un qui vote « faux » est bien vu. Or, si s’attaquer aux idées et au contenu contribue à la qualité de la démocratie, s’en prendre directement aux personnes de manière disproportionnée est répréhensible.

    Et, si la population se permet ces dérives, c’est parce que le matraquage médiatique promeut l’intolérance.

    La Suisse a ainsi perdu une autre de ses qualités: le sens de la mesure.

    Notre avenir est donc assez sombre, non pas parce qu’il n’y pas de solutions mais parce que nous sommes devenus totalement incompétents.

  8. Les dindons directs dela farce, ce sont sans doute les Ukrainiens, qui meurent par milliers?
    Les dindons secondaires, ce sont sans doute les populations des autres pays qui doivent se farcir le spectacle de leur impuissance, jour après jour?
    N’est-ce pas quelque chose de similaire à Gaza?
    Une forme de prise en otage mental?
    Que faire?
    Si les soldats étaient conscients, ils n’exécureraient pas de tels ordres.
    Si les spectacteurs lointains étaient conscients, ils ne cautionneraient pas de tels actes.
    Petit à petit, on voudrait nous faire justifier l’injustifiable, nous rendre complice de ceci ou de cela d’abominable.
    Et même si on ne le justifie pas, on voudrait aussi nous rendre désespérés de cette réalité montrée encore et encore.
    Une forme de lavage de cerveau – par le visionage du sacrifice humain légalisé.
    La conscience est la seule solution.
    Pour le reste, il est beaucoup de temps et d’énergie à distribuer autour de soi.
    Chère Madame Sandoz, je vous remercie de parler de cette actualité de manière différente, en nous faisant réfléchir un peu plus profondément.
    Notre époque est vraiment très désespérante si on se met à regarder qui siège dans les palais.
    Tant de parvenus. Beaucoup de personnalités maladives. Si peu de sagesse. Aucune pitié.
    Mais si on regarde parmi les petites gens, heureusement, les proportions changent.
    Et on peut se dire que tout n’est pas encore perdu. Il y a du travail!

    1. Bonjour Samy, les « sacrifices humains » ont toujours existé et existeront toujours. Sous des formes diverses, variées et parfois très subtiles (vaccins tueurs, médicaments expérimentaux, etc.).

      Durant bien des périodes, plus ou moins longues de l’Histoire de l’humanité, tout ce qui pensait « différemment » était rapidement liquidé, souvent dans d’atroces souffrances ….

      Alors effectivement « il y a du travail ». Sauf que je ne suis pas du tout certaine que les élites voient ce travail d’un bon œil. « Adulator propriis commodis tantum suadet » alors entretemps « Carpe diem ».

      Bons messages. eab

      1. Chère Eliane,
        Il existe des débats sur l’origine des sacrifices humains.
        Ont-ils toujours existé? Peut-être, peut-être pas. Certains archéologues y voient plutôt une invention du néolithique, avec le développement de l’agriculture et la peur de mauvaises récoltes.
        Tout cela est fort hypothétique, mais il me semble réellement impossible de continuer avec ce modèle du bouc émissaire – peu importe la raison supérieure invoquée – sans aboutir à une catastrophe planétaire, avec les technologies dont dispose l’humanité actuellement.
        Et pour les « élites », elles ont certes souvent cultivé de mauvaises habitudes (diviser pour règner), mais même parmi elles, il y a sans aucun doute des personnes qui souhaiteraient abandonner cette pensée magique, vous ne pensez pas?
        Cela ne s’opppose bien sûr pas à votre devise.

  9. Exactement comme vous, je pense que Vladimir Poutine ne viendra pas en Suisse, car notre gouvernement devenu partial l’a déçu sinon irrité! Et, en effet, il n’est pas à l’abri d’une « Polanski »! Quant à l’olibrius de Paris, toute chose venant de lui est pathétique! A oublier!

  10. Bonjour à tous,
    Permettez-moi de mentionner un livre dont le suajet est indirectement et/ou directement en relation avec les sujets abordés dans les diverses interventions. Il constitue un outil pour soi-même, un repère pour la conscience enfin, chacun le ressent selon ce qu’il vit et selon le moment ; en cela, il permet de réfléchir et d’évoluer.
    Son titre : La transfiguration de l’homme, auteur : Frithjof Schuon, Edition : Delphica l’âge d’Homme, édité en 1995. Il n’est pas impossible de trouver d’autres éditons !?
    Cordialement.

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