La Suisse vieillit mais sa population augmente et si elle augmente, ce n’est pas grâce aux naissances mais grâce à l’allongement de la vie et à l’immigration.
Il faut reconnaître que, dans notre pays, on n’aime pas beaucoup les enfants en tant que tels. On les aime en tant que futurs cotisants à l’AVS. En dehors de cette hypothèse, ils ne sont que des empêcheurs de danser en rond : en fait des empêcheurs de leurs parents – et particulièrement de leur mère – d’exercer une activité professionnelle dont l’économie peut avoir besoin, c’est-à-dire empêcheurs éventuels, pour leur mère, d’exercer une activité professionnelle à plein temps et sans interruption. Ils sont donc aussi des « tueurs » d’égalité entre hommes et femmes !
Le congé maternité, ou le congé parental, selon la motivation habituelle, doit avant tout protéger la carrière de la mère ou celle des deux parents : le congé parental en particulier doit permettre à la mère de reprendre plus rapidement son activité professionnelle, car elle est remplacée auprès de l’enfant par le père et puis l’interruption professionnelle touche alors les deux parents en interrompant brièvement leur activité professionnelle. Il est très rarement fait allusion à l’enfant et ce d’autant moins que l’enfant a besoin – dans toute la mesure du possible – de la présence de ses deux parents au-delà des quelques semaines et mois qui suivent sa naissance ; il n’est d’ailleurs pas non plus fait mention, pour défendre ces différents congés après naissance, du besoin de la mère de se reposer un peu alors que la naissance correspond à un bouleversement de sa vie (de celle du père aussi d’ailleurs, mais différemment !) et entraîne parfois une grande fatigue physique.
Sitôt que possible, pour que les deux parents puissent reprendre leur rythme de travail, il convient de fournir des crèches, puis que l’école assure une prise en charge de toute la journée pour que les parents aient la paix dans l’exercice de leur profession.
Et aujourd’hui, de joyeux drilles proposent une initiative – sur laquelle nous voterons le 30 novembre – imposant aux femmes comme aux hommes un service citoyen, obligeant probablement les mères à « caser » leurs « mouflets » – quand elles s’en occupent personnellement – sauf évidemment à obtenir une dispense officielle spéciale dudit service citoyen (belle perspective de travaux administratifs supplémentaires), à moins que, découvrant que la maternité devient une cause de dispense du service universel, les femmes ne se mettent à faire plus d’enfants. L’initiative se révélerait alors la pièce « camouflée » d’une politique nataliste !
Le premier et le meilleur service à la communauté que l’on puisse rendre, comme parents, c’est d’élever ses enfants et de s’occuper d’eux. Et comme c’est plutôt la mère qui leur donne naissance et parfois les allaite, il est assez logique que le service obligatoire militaire ou un service civil requis en général de personnes encore jeunes, soit imposé aux hommes et non aux femmes. A partir d’un certain âge, beaucoup de femmes – et beaucoup d’hommes aussi d’ailleurs – assurent spontanément un service à la communauté en qualité de « proches aidants », d’éducateurs de leurs petits-enfants ou de bénévoles dans des associations sociales. Ne tuons pas cette générosité spontanée par un service citoyen obligatoire qui – indépendamment de la surcharge administrative qu’il engendrera – empoisonnera la vie des jeunes adultes et nuira aux enfants.
Merci Madame pour votre article très important. Quand je vois la charge de travail que subissent les femmes actuelles ayant des enfants et le besoin des enfants d’être avec leur mère (avec leur père aussi, mais c’est un peu moins fort), alors je ne comprends pas du tout cette proposition de service citoyen pour tous.
D’autant plus que chaque grossesse dure 9 mois, puis l’allaitement plusieurs mois et parfois il faut encore quelques mois pour se remettre de l’accouchement s’il a été difficile. Alors j’estime que les femmes font déjà largement leur part. Et voterai NON le 30 novembre prochain.
Ainsi donc, ignorant les évolutions juridiques en cours sur le plan du droit international, vous prenez le risque, sans vous en apercevoir, de mettre fin à l’armée. Dont acte.
Cela étant après avoir, sans vous en apercevoir, entrepris de concourir à la suppression de notre armée, vous pourriez peut-être nous indiquer le ou les motifs qui justifient une différence de traitement de principe (et non de modalités) entre hommes et femmes en matière de service militaire afin de sauver notre armée.
Pour citer la CourEDH : « (…) [L]a progression vers l’égalité des sexes est aujourd’hui un but important des États
membres du Conseil de l’Europe et (…) seules des considérations très fortes peuvent amener
à estimer compatible avec la Convention une telle différence de traitement (…). En particulier,
des références aux traditions, présupposés d’ordre général ou attitudes sociales majoritaires
ayant cours dans un pays donné ne suffisent pas à justifier une différence de traitement
fondée sur le sexe. (…). »
Je ne connais aucun motif justifiant pareille différence de traitement de principe. Je serais heureux de vous lire sur ce point particulier.
Observations relatives à la contribution de Mme Herzog.
Vous semblez ignorer l’évolution des pratiques au sein de notre société quant au rôle des pères. Votre observation « … c’est un peu moins fort … » est quelque peu blessante pour ne pas tenir compte de l’âge de l’enfant et, pour adopter le langage de ceux et celles qui ont décidé les chambres de ratifier la Convention d’Istanbul, est un stéréotype de genre contre lequel la Suisse s’est engagé à lutter en ratifiant ladite convention.
D’ailleurs, l’article 59 de notre Constitution, qu’il s’agit ou non de modifier, est un furoncle au regard de la même convention puisque pour lutter contre les discriminations dont sont victimes le femmes, cette convention préconise d’établir l’égalité dans les textes et non d’y exprimer la supériorité des femmes.
Vous semblez aussi ignorez le nombre de grossesse et l’âge de procréation, laquelle surviendrait après le service.
Tout comme vous semblez ignorer que la grossesse est un choix (sauf cas rare) alors que le service imposé aux homme l’est sous la menace d’une peine de prison.
Un grand merci Madame Sandoz. Je suis tout à fait d’accord avec vous, pour moi ce sera un NON majuscule ! J’espère juste que les résultats ne seront pas identiques à ceux concernant la carte d’identité numérique, ce serait vraiment à désespérer de la Suisse.
Une fois encore, des réflexions fort judicieuses que je partage entièrement. Mais ce sont les arguments d’une génération née entre 1938 et 1950. Nos nouvelles générations ont une autre conception du couple et de la famille. Mais ne la fixons pas dans des lois cantonales ou fédérales.