« Liberté d’opinion, liberté de manifestation ! », sans doute oublient-ils aussi de revendiquer « liberté d’abuser de tous les droits » tous ceux qui n’hésitent pas à menacer physiquement les Parlementaires – in casu vaudois – s’apprêtant à siéger, et qui sont d’ailleurs tellement aveuglés par leur passion qu’ils finissent pas molester par erreur les défenseurs de leurs propres revendications salariales au Parlement (voir Le Temps du 3 décembre, p. 9 « Les débats sur le budget tournent à la foire d’empoigne » ) . Quelle triste image de la liberté démocratique que celle donnée par les grévistes de ces derniers jours et par les excités d’hier autour du Parlement ! L’exemple français serait-il à ce point contagieux?
La démocratie est-elle ici si déliquescente que ceux qui s’en prévalent doivent recourir aux méthodes révolutionnaires nécessaires dans les dictatures ?
Mais peut-être devrait-on aussi se demander si les « autorités » ont perdu tellement de la confiance des citoyens que ceux-ci n’ont plus que les moyens de la violence pour faire valoir leurs espoirs ? Il est vrai que lorsqu’un Conseil d’Etat dit officiellement, dans sa prise de position écrite pour le Grand Conseil, qu’une erreur fiscale de 40 ou 80 millions (estimation purement subjective! de la part du fisc!) ne vaut pas la peine qu’on nomme une commission d’enquête parlementaire pour en rechercher les causes (Voir notre billet du 18.09.25 : « La grande amnésie du fisc vaudois »), on peut douter de son intérêt pour la diminution de quelques millions ici ou là infligée à des salaires ou pour la suppression de quelques postes dans l’enseignement ou la santé… Et si les Parlementaires ne se montrent pas plus curieux et désireux de faire enfin toute la lumière sur une affaire dont l’opacité est un véritable tour de passe-passe, on peut aussi douter de leur sérieux dans la représentation des intérêts des citoyens.
La démocratie – et tout particulièrement la démocratie directe – exige des citoyens comme des autorités de la bonne foi, de la fidélité à la parole donnée, du respect et de la confiance réciproques, de la capacité à s’écouter pour négocier. Ce sont des qualités d’adultes de moins en moins compatibles, à vrai dire, avec la culture infantilisante actuelle de l’image, des émojis et des selfies. Quand les autorités et les administrés/citoyens perdent ces qualités, ils ne deviennent plus que des guignols de la démocratie. Triste spectacle!