Le chapeau de Gessler

Le couperet est donc tombé : La Suisse est condamnée par M. Trump à 39% de droits de douane. C’est évidemment très ennuyeux et préoccupant, mais malheureusement, depuis que l’Union européenne avait obtenu 15 %, on pouvait craindre un résultat moins bon pour la Suisse et pour la raison suivante :

Le 28 juillet, après que la sentence américaine était tombée pour les 27 Etats de l’Union européenne, l’émission de la TV française « C’est dans l’air » titrait le débat du jour « Trump humilie l’Europe ». Et les intervenants de souligner qu’en accordant à l’Union européenne le même taux qu’à la seule Grande Bretagne, non membre de l’Union européenne, M. Trump montrait ainsi qu’il faisait bien peu de cas de l’Union de 27 Etats, qu’il consacrait la faiblesse à ses yeux de l’Union européenne et peut-être – mais là, je laisse la responsabilité des propos aux participants à « C ’est dans l’air » – que c’était dû au manque de fermeté de Mme von der Layen, chargée, comme présidente de la Commission européenne, de discuter le bout de gras avec le président américain. Un des participants à l’émission de « C’est dans l’air », M. Richard Werly, correspondant de France/Europe de Blick.ch, relevait même que, à cause de l’humiliation qu’elle venait de subir de la part de M. Trump, l’Union européenne redoutait le rejet par les citoyens suisses de l’accord qu’elle avait négocié avec la Suisse, car elle ne supporterait pas de n’être pas capable de l’emporter sur un petit pays.

M. Trump est aussi logique que l’Union européenne : il aime qu’on le sache le maître de tout et il n’allait pas laisser un petit pays – la Suisse – obtenir un meilleur résultat que 27 Etats réunis en un marché de quelque 100 millions de consommateurs de plus que les USA. Certes, à la différence de l’Union européenne, la Suisse n’avait pas menacé M. Trump de rétorsion selon le taux qu’il lui accorderait, mais elle a peut-être cru – et c’est tout à son honneur – qu’on pouvait discuter entre chefs d’Etat et que le temps était révolu où l’on devait saluer le chapeau de Gessler. En ce premier août 2025, aurions-nous besoin d’un Guillaume Tell?